Commode À Quatre Rangs De Tiroirs
France, Époque Louis Xvi, Dernier Quart Du Xviiie Siècle.
Bâti De Chêne Et Résineux ; Acajou Et Acajou Moucheté ; Bronze Doré ; Cuivre Doré ; Marbre Blanc Veiné.
De Forme Rectiligne Et Remarquablement Exécutée, Cette Commode Bâtie En Chêne Et Résineux, Et Plaquée En Acajou, Ouvre En Façade De Manière Étonnante Au Moyen De Quatre Rangs De Tiroirs À Traverses De Laiton Bordés Chacun D’Une Frise En Bronze Doré Enfermant Un Placage En Acajou Moucheté D’Une Élégance Toute Particulière. Ces Tiroirs Présentent Deux Poignées De Préhension Stylisées De Forme Hexagonale En Bronze Doré À Poignées De Tirage Tombantes Et Non Fixes. La Partie Centrale De Chacun D’Eux Est Rehaussée D’Une Entrée De Serrure En Bronze Doré Encadrant Des Serrures À Motif De Trèfle. Les Angles Antérieurs En Acajou Massif Sont Arrondis En Ressaut Et Ornés De Cannelures Rudentées. Ils Structurent Et Encadrent Une Discrète Ceinture De La Dimension Des Traverses Flanquée …
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… D’Un Bandeau En Cuivre Doré. Une Frise Similaire Mais Plus Large En Quart-De-Rond Souligne Le Pourtour De La Partie Basse Et En Léger Ressaut Du Meuble Au Niveau Des Angles. Les Petits Côtés De La Commode Affichent Chacun Un Large Compartiment Plaqué En Acajou À Encadrement De Bronze Identique À Celui Des Tiroirs De La Façade, Flanqué, Dans L’Axe Des Pieds Postérieurs, Par Un Pilastre Rectangulaire À Ressaut À Trois Cannelures Rudentées. La Commode Repose Sur Quatre Pieds « Toupies » En Acajou Massif À Bagues Et Sabots De Forme Quasi Conique Moulurés De Bronze Doré, Ces Derniers Comportant Une Bague Enrubannée Finement Ciselée. Un Plateau De Marbre Blanc Veiné Couronne Le Tout.
La Discrétion Des Ornements En Bronze Doré S’Explique Par La Grâce Et La Beauté Des Deux Teintes D’Acajou, Essence De Bois Qui Permit Progressivement Aux Artisans Du Dernier Quart Du Xviiie Siècle De Se Passer De Bronzes. Certains Meubles Possèdent Ainsi À La Place Un Placage D’Acajou Constituant Le Principal Décor. En Effet, Indifféremment De Son Espèce, L’Acajou Peut Présenter Un Veinage Particulier. Celui-Ci Est D’Abord Dû Au Sens De Coupe Du Bois, Transversal Ou Longitudinal, Qui Permit De Créer Des Frisages Intéressants. Mais De Manière Plus Surprenante, Il Peut Également Être Modifié Lors De La Croissance De L’Arbre Par Des Malformations, Présentant Par Conséquent Une Multitude De Variations. Il Peut Être, Comme C’Est Le Cas Sur Notre Commode, Moucheté, Devenant Alors Éminemment Décoratif.
Si L’Auteur De Notre Meuble Reste Anonyme, Il Est Toutefois Important De Mentionner Que Ce Dernier Ne Manque Pas D’Originalité Avec Une Hauteur De 98,8 Centimètres, Dimension Qui Se Rapproche Quasiment De Celle Attendue Pour Un Meuble À Hauteur D’Appui.
De Possibles Attributions :
L’État Actuel De Nos Recherches Nous Pousse À Établir Humblement Deux Hypothèses Quant À L’Auteur De La Réalisation De Cette Commode : Les Ébénistes Étienne Avril (1748-1791, Maître En 1774) Et Jacques Laurent Cosson (1734-1812, Maître En 1765).
Né En 1748, Étienne Avril, Surnommé Avril L’Aîné, Fut Établi Rue De Charenton À L’Angle De La Rue Moreau. Reçu Maître En 1774, Il Proposa Au Cours De Son Activité D’Ébéniste, Selon Une Publication De L’Époque, « Quantité De Commode, Consoles, Bibliothèques, Secrétaires Et Chiffonniers En Acajou Et Bois Des Indes, Etc. ». En Effet, L’Acajou Et Le Satiné Dominèrent La Production De L’Artisan, Adepte Semble-T-Il, Des Lignes Rigoureuses Et Des Grandes Surfaces Unies, Propre Au Goût De La Fin Du Xviiie Siècle, Réalisant Ainsi Des Meubles De Formes Nettes, Légères Et Parfaitement Proportionnées. Les Bronzes Furent Pratiquement Inexistants, Réduits Le Plus Souvent Aux Entrées De Serrures Et Parfois À De Fines Baguettes D’Encadrement, Soulignant Discrètement L’Architecture Du Meuble. Son Travail Connut Une Certaine Réputation Puisqu’Il Reçut Également Des Commandes Pour L’Appartement De Marie-Antoinette Au Château De Saint-Cloud. Il Cédera Son Atelier Peu Avant La Révolution À Son Frère Cadet Pierre Tout En Conservant Des Magasins Qu’Il Exploitait Près De La Porte Saint-Antoine. Avril Mourut Le 24 Juin 1791, Laissant Un Inventaire Tel Qu’Il Fallut Trois Ventes Aux Enchères De Plusieurs Jours Chacune Pour Disperser Son Important Stock.
Né En 1737, Jacques Laurent Cosson, Ébéniste Réputé Accédant À La Maîtrise En 1765, Établit Son Atelier Rue De Charonne Dans Un Immeuble À L’Enseigne Du « Grand Monarque ». Sa Production Comporta Dans L’Ensemble Des Meubles De Style Louis Xvi Plaqués D’Acajou Avec De Strictes Baguettes D’Encadrement De Bronze Doré. Un Ensemble De Ce Type D’Une Commode Et Ses Deux Encoignures Appartint Notamment Aux Collection Espirito Santo (Vente À Paris Le 14 Juin 1955) Et Niarchos. Il Fournit Également Pour Plus De 3000 Livres De Meubles Au Comte Armand Marc De Montmorin Saint-Hérèm (1745-1792) Pour Son Nouvel Hôtel De La Rue Plumet Construit Par Alexandre-Théodore Brogniart (1739-1813).
Si Aucune De Ces Pistes Ne Nous A Permis À Ce Jour De Parvenir À Une Conclusion Formelle Quant Au Fabricant De Ce Meuble, Nous N’Avons Cependant Pas Su Résister, En Raison De Son Originalité Et De Sa Qualité D’Exécution, Au Plaisir De Pouvoir Le Présenter.
Très Bon État Général, Restaurations D’Usage Et D’Entretien.
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